Le (plus trop) futur problème des pensions et pourquoi il faut vous préparer aujourd’hui.
La pension en Belgique
Le système belge est tout de même bien fait, après avoir travaillé des années pour subvenir à vos besoins et contribuer au développement économique de notre petit royaume, vous aurez le droit de mériter d’un temps de repos que l’on prénomme joliment ‘La pension’ ou encore ‘La retraite’. Cependant, lorsque ce jour sacré arrivera et que vous pourrez ‘partir’ (lol) à la pension, vous devrez subvenir à vos besoins mensuels, chose que faisait avant votre salaire lors de votre période active. Pour aider à subvenir à vos besoins financiers lors de votre retraite, en plus de l’argent épargné pendant vos années d’activité, la Belgique a mis en place un système qu’on appelle ‘Le système belge des 4 piliers de pension’.
Pourquoi voulons-nous aborder ce thème?
C’est parce que la vision populaire de ce système qui repose majoritairement sur le 1er pilier, càd que les personnes pensionnées s’appuient principalement sur le revenu de pension prévu par l’état pour financer leur future vie de retraité (et surtout parce que la vie est chère et que ca devient compliqué d’épargner) laisse percevoir des problèmes majeurs.
Même si vous êtes encore jeune à l’heure actuelle, en pensant dès aujourd’hui à mettre en place un revenu provenant des 4 piliers (!), ca pourra vous sauver de futurs soucis et/ou de surprises non-voulues. Il faut penser long terme, et le plus tôt, le mieux !
OK, MAIS POURQUOI DOIS-JE PENSER AUX 4 PILIERS QUAND L’ETAT POURRAIT SIMPLEMENT PRENDRE CELA EN CHARGE POUR ME RECOMPENSER D’AVOIR TRAVAILLE DUR POUR LE ROYAUME ????
Premier point, c’est que vos dépenses, au fil du temps, ce seront accumulées. C’est bête mais si vous avez travaillé toute votre vie, vous aurez atteint un certain confort de vie, lié à un salaire qui aura évolué au fil de votre expérience. Peut-être serez-vous chanceux avec un revenu net élevé, une voiture de société, carte essence, des chèques repas, un téléphone avec abonnement, bonus, etc. Toutes ces dépenses, acquises au fil du temps seront devenues naturelles et c’est là où cela peut faire mal si on ne s’en rend pas compte. C’est aussi le temps des petits-enfants et des dépenses cadeaux qui peuvent s’additionner.
Ce qui fait que le jour où vous arrivez à la pension, vous allez avoir un nouveau coût de la vie auquel vous n’étiez peut-être pas préparé;
Le rachat d’une voiture pour vos beaux jours, des frais d’essence, des frais de téléphone, internet, loisirs pour les activités avec les petits enfants, des voyages (vous aurez enfin l’opportunité de voyager), des frais de soin de santé, des frais d’assurance qui peuvent augmenter, etc. Pouvoir constituer un socle solide et ne pas compter sur une seule source de revenus, peut déjà vous éviter des (futurs) tracas.
Pour chiffrer ces propos, calculons la somme minimum à avoir pour assurer vos beaux jours:
Première hypothèse, si l’espérance de vie est de 85 ans, on obtient : 85 ans (RIP) - 65 ans (l’âge de la retraite) = 20 ans x 12 mois x dépenses mensuelles de +/- 2.000€ = 480.000€* que vous aurez besoin pour financer votre pension.
Questions à se poser :
Dépensez-vous plus ou moins que 2000€ par mois ?
& Pensez-vous que vous aurez une pension étatique de 2000€ par mois lors de votre retraite ?
Deuxième point, je m’adresse à vous les filles; il a été analysé que les femmes vivaient plus longtemps de les hommes (eh oui!). Mais qui veut dire une plus longue longévité, dit aussi besoin d’argent (aïe), de revenus pour soutenir cette plus longue période. Vous verrez aussi plus bas dans les conditions du calcul du revenu de votre pension légale (1er pilier) que les contrats à temps-partiels IMPACTENT le montant de votre pension légale (fun fact: ca impacte en négatif). C’était bien gentil de vous occupez de votre famille pendant toutes ces années mais pour l’état, si ca ne lui a pas rapporté d’argent, bah ca ne comptera pas :(. On vous encourage +++ pour checker les 3 autres piliers et vous assurez des jours heureux après tous ces pots de yaourts achetés ;-).
Troisième point, peut-être le moins clair pour le moment, mais après avoir lu le premier pilier plus bas, cela fera sens, c’est le problème de la pyramide des âges. Pour faire (très) résumé, aujourd’hui quand vous travaillez, via votre salaire, vous cotisez (=une partie de votre salaire part dans un pot) pour la sécurité sociale, qui redistribue cet argent à divers buts, notamment les pensions (olé). En gros, un % de votre salaire, quand vous travaillez, sert à payer (la même année, ce n’est pas une tirelire pour vous plus tard, c’est pour les personnes pensionnées la même année où vous travaillez) les pensions des retraités.
Pour avoir un ‘équilibre’ ou du moins, la continuation de cette structure, il faut avoir un nombre de travailleurs suffisants qui cotisent ensemble pour soutenir et financer la population pensionnée.
Vous l’aurez compris, cette structure est mise à mal car le futur ne prévoit pas ces prévisions ! Avec la croissance, l’émancipation, les progrès technologiques et médicaux, aujourd’hui, la pyramide des âges est entrain de s’inverser. (cfr. graphique) Le système sur lequel cette structure était bâtie partait du postulat qu’avec le ‘boom’ des naissances après la guerre, la population active serait assez grande pour soutenir financièrement les pensionnés. Cependant, on constate de moins en moins de naissance, batonnets bleus et roses en bas du graphique ce qui égale à une future population active de moins en moins grande (comparaison entre 1970 et 2025) et au même moment, le nombre de personne est le plus grand pour les âges de 40 à 60 ans qui représente les futurs personnes pensionnées.
Càd que le pot d’argent de la sécurité sociale pour les pensions sera de moins en moins grand (car moins de personnes qui travaillent) ET ! que le besoin d’argent pour payer les pensions sera de plus en plus grand car la population de pensionnés sera de plus en plus grande grâce nos soins de santé performants et en même temps, qu’ils vivront plus longtemps.
Reprenons nos calculs pour chiffrer cette différence:
L’hypothèse nouvelle est que l’espérance de vie ne sera plus de 85 ans mais de 10 ans de plus, de 95 ans donc :
95 ans - 65 ans (67* àpd de 2030) = 30 années à la retraite x 12 mois x 2.000€ = 720.000€* sera le montant MINIMUM pour subvenir à vos dépenses lors de votre retraite.
Attention qu’on dit bien ici que les 720.000€ c’est seulement pour une durée de 30 ans, c’est de l’argent que vous devrez constituer, à conserver sur le côté en + de vos dépenses actuelles pour subvenir à vos besoins.
*Ces calculs ne tiennent pas compte de l’inflation - si on prend l’inflation en compte, ca sera encore + que le montant indiqué.
A première vue, pour maintenir le système et le rééquilibrer, il va falloir
soit augmenter le pot commun (la tirelire de la sécurité sociale) par exemple en augmentant la taxation des salariés mais flemme, on est déjà un des pays les plus taxé,
soit diminuer le montant alloué à chaque personne pour que chacun puissent recevoir un minimum mais flemme x2 car cette hypothèse va toucher la prochaine génération, aka toi et moi.
Comme tu as pu le lire avec les calculs, avec l’augmentation de la longévité, les besoins financiers pour les retraites ne vont faire qu’augmenter et si le montant légal de la pensoin du premier pilier diminue, ca va être la crise.
EN GROS, LA OU ON VEUT EN VENIR C’EST QUE
- SOIT LE SYSTEME DES PENSIONS VA DEVOIR ETRE REPENSE, (ils essaient, ils prennent des mesures, partir plus tard à la pension)
- SOIT CA VA SE CAPOTER LA TRONCHE : et si ca capote ou si de nouvelles mesures sont prises, cela pourra certainement touché au premier pilier….. Voila pourquoi une structure financière bien rodée (ne pas compter seulement sur le pilier 1), qui vous permet de vous soutenir financièrement plus tard est quelque chose à réaliser et à mettre en place le plus tot possible :)
Après toutes ces chouettes explications, revenons tout de même avec une explication complète du système, pour aller voir ce que le 2e, 3e et 4e pilier peuvent vous apporter plus tard :)
Reprenons donc,
Le premier pilier, c’est la pension perçue par l’état.
Dans le 1er pilier, vous recevez une pension légale de l’État. (= vous avez travaillé et développé l’économie du pays, c’est le moment de vous dire merci pour vos bons et loyaux services.)
En 2023, pour une carrière complète (45 ans), les pensions moyennes étaient de :
1933€* le montant moyen brut de la pension (les 3 régimes compris : salarié, fonctionnaire, indépendant) (1640€ c’est le montant net).
2142€* brut (pas net) pour les hommes en moyenne et 1737€* brut (pas net) pour les femmes en moyenne (!)
Selon les chiffres de Statbel, la pension brute (pas nette) d’un indépendant s’élevait en moyenne à 1 156 euros.
https://www.pensionstat.be/fr/chiffres-cles/pension-legale/pensionnes
Notons également que le montant total que vous percevrez dépend :
de votre situation familiale,
du nombre d’années que vous avez travaillé,
de vos derniers salaires bruts et de votre statut.
Important à savoir :
Si vous travaillez à mi-temps , cela a des conséquences sur le montant de votre pension légale. (Coucou à toutes les femmes qui prennent la charge de leur famille au détriment de votre pension future :-) )
En principe, vous pouvez prendre votre pension à partir de 65 ans. (La pension anticipée existe mais il faut remplir des conditions (strictes)).
Nombreux sont les salariés/ indépendants dont la voiture, le téléphone et autres frais sont au nom de l’entreprise, alors qu’après la retraite, il faudra les payer à titre privé.
—> En conclusion, votre pension légale (du premier pilier, que vous recevez de l’état) ne suffira probablement pas pour maintenir votre niveau de vie actuel. C’est pourquoi les autres piliers de pension jouent un rôle important. :-)
La boucle est bouclée.
Comme je le disais plus haut, créer de l’épargne est incontournable si vous voulez maintenir votre niveau de vie lors de vos vieux jours.
2. Le deuxième pilier, c’est la pension complémentaire, constituée auprès de votre employeur.
Si vous étiez salarié.e, vous avez peut-être souscrit à une assurance groupe ou encore un fonds de pension prévu par votre employeur.
Si vous étiez indépendant.e, vous avez peut-être souscrit.e à la ‘Pension Libre Complémentaire pour Indépendants’/PLCI.
et Si vous étiez fonctionnaire, vous n’en avez peut-être pas mais votre pension étatique (du premier pilier) sera plus importante (lucky you!).
Pour ce 2è pilier, ce n’est plus un système de redistribution comme le premier pilier, mais un système de tirelire (=accumulation pour le terme scientifique)
En vous payant un salaire tous les mois, votre employeur met une petite partie dans une tirelire (assurance ou fonds, c’est le même concept mais avec des features différentes + le terme scientifique des assureurs pour ce pactole d’argent est le mot ‘capital’) et lorsque vous atteindrez vos 65 ans (âge légal de la retraite à 67 ans dès 2030), vous pourrez vous faire verser sur votre compte ce petit pactol (capital). Cette somme d’argent (capital) est donc un complément d’argent que vous pourrez combiner avec le montant du premier pilier, de l’état. (Et si le montant de l’état diminue, ce complément vous sera vraiment utile).
Attention que la pension complémentaire n’est pas une obligation et que vous n’en avez peut-être pas.
En + de celà, ce système de versement de la part de votre employeur est beaucoup moins taxé qu’une augmentation de salaire, en gros c’est avantageux pour vous et pour l’employeur pendant votre période de salarié et cette tirelire complémentaire peut même être utilisée comme ‘avance’ pour investir dans un bien immobilier (acheter/construire ou rénover). En gros, c’est de l’argent mis sur un compte via votre job mais qui peut être un coup de pouce pour un investissement immobilier ou en fin de carrière.
Veuillez tout de même noter que vous devrez payer un impôt le jour ou vous recevrez cet argent et que si vous le voulez avant vos 60ans, vous serez plus imposé que prévu.
3. Le troisième pilier, c’est le système d’épargne pension et d’épargne long-terme.
Ce 3è pilier est un pillier individuel, pas d’état, ni d’employeur lié mais simplement vous et le produit financier que vous choisissez. On appelle cette épargne l’épargne-pension ou long-terme car elle est liée à un avantage fiscal.
Vous pouvez verser des montants limités sur ces 2 produits financiers d’épargne et récupérez jusqu’à 30% de ce versement comme avantage fiscal (réduction d’impôts).
Comme l’épargne du second pilier, veuillez noter que lorsque vous voudrez récupérer cette épargne à l’âge légale de la pension, vous devrez payer une taxe. Cette taxe sera plus élevée si vous décidez de la retirer avant vos 60ans.
4. Le quatrième pilier, c’est l’épargne libre et c’est celle-là qui tient à coeur à Money Matters.
On entend libre tous les efforts d’épargne personnels ne donnant pas droit à un avantage fiscal. Ex: Compte épargne, compte d’accroissement, certaines assurances-vie, Investissement immobilier, Investissement (non-)boursiers, etc.
Les premiers sont des produits financiers que les institutions financières proposent. En fonction de vos profils de risque (entendez par là 'êtes-vous à l’aise avec le risque ou pas?), vous allez vous orienter vers certains produits comparés à d’autres. Ces produits offrent en général une chose ‘intéressante’ qu’on appelle rendement.
Le rendement, pour faire simple, c’est ce qu’on l’obtient après avoir donné quelque chose. L’objectif, c’est d’avoir un rendement positif = obtenir quelque chose de plus élevé que ce que l’on a donné. Cette différence : (ce que je recois) - (ce que je donne) = + que 0 est appelé une plus value, ou même une valeur ajoutée. Et pourquoi cet objectif, cette plus-value est en lien avec votre pension ? Car si vous recevez plus que ce que vous donnez, vous pourrez profiter de cette plus-value pendant votre retraite.
Donc, si ces produits financiers peuvent vous offrir un rendement positif, ils sont intéressants pour vous et surtout à ajouter à votre structure financière pour préparer votre pension.
Continuons,
Vous avez peut-être déjà entendu ‘Les belges ont une brique dans le ventre’, ce qui est top! C’est une très bonne habitude pour le futur.
Investir dans l’immobilier, c’est pouvoir profiter plus tard d’un toit au dessus de sa tête et d’éviter des loyers mensuels à payer que vous devrez financer de vos revenus de pensionné. (Surtout si je vous rappelle qu’un ménage recevra aux alentours de 2.000€/mensuellement et que si votre loyer est de 650/700€ (je suis gentille) c’est presque la moitié de votre pension légale qui devra partir dans votre loyer). Cependant, pour pouvoir accéder à ce type d’investissement, il y a quelques conditions d’entrées;
La première, c’est de déjà disposer de fonds nécéssaires pour acquérir un bien et pour être accepté par une banque afin d’obtenir un crédit. Si vous commencez de 0, cela vous demandera quelques années avant de pouvoir acquérir un bien immobilier.
Le deuxième, c’est d’avoir un bon dossier auprès d’une banque. Généralement, avoir un CDI = considéré comme avoir des revenus fixes et une situation stable, sont des éléments essentiels pour avoir l’acceptation des banques.
donc même si ce type d’investissement est très intéressant, il doit être réfléchi et planifié.
Cela nous amène donc au dernier type d’investissement noté ci-dessus et celui qui nous intéresse chez Money Matters: il s’agit de l’investissement ‘(non-)boursier’.
Cet investissement est lié au secteur financier et à un univers particulier avec un jargon bien spécifique qui peut faire peur. Cependant, ce type d’investissement peut être une aide utile lorsque vous commencez ou lorsque vous souhaitez soutenir vos futurs projets financiers (ex: votre pension). C’est ce type d’investissement qui est généralement plus mystique mais que nous voulons démystifier et vulgariser auprès du plus grand nombre afin de pouvoir vous aider à lever le voile sur toutes ces différentes options et les rendre accessibles, compréhensibles et in fine pouvoir prendre des décisions éclairées pour votre avenir avec toutes ces connaissances ainsi que celles sur votre profil face à l’argent.
Préparez-vous donc à lire des prochains articles sur tout cet univers.
5. La conclusion
Si ce point ne vous est pas encore clair après cette réflexion sur l'importance de ne pas compter uniquement sur le premier pilier des pensions, à savoir la pension légale, il est essentiel de comprendre qu'il est crucial de mettre en place une stratégie pour financer votre retraite.
En Belgique, le système des piliers de pension offre des solutions complémentaires à travers le 2ᵉ, 3ᵉ, et surtout le 4ᵉ pilier. Ces options, qui présentent divers avantages, peuvent être progressivement instaurées pour faciliter votre transition vers la retraite, tout en vous garantissant des jours sereins et un patrimoine financier solide pour l'avenir.
Alors pas de panique, si ce texte veut éveiller en vous une prise de conscience, nous sommes conscientes qu’il faut commencer quelque part et que cela peut être effrayant. Nous faisons justement ces articles pour partager toutes les informations que nous avons et nous essayons de les rendre accessible.
La bise,
Perrine :)
!! N’oubliez pas de lire ce texte avec un esprit critique. Le fait d’avoir moins de naissances signifie également qu’il y aura moins d’allocations familiales distribuées de la sécurité sociale et qui pourront être rattribuées au pot des pensions par ex. La récente réforme des pensions a également pour but de repenser le système avec notamment des incitations à continuer à travailler, le recul de l’age de départ à la pension, des conditions repensées pour déterminer le montant de la pension légale, etc.
Pour plus d’infos: https://www.sfpd.fgov.be/files/3095/20240405_communique_reforme-des-pension_web.pdf